Au départ Cusco me contrarie. J’arrive comme toujours la bouche en cœur dans un hôtel repéré dans un guide qu’un voyageur m’a prêté pendant cinq minutes et pour la première fois l’hôtel est complet. Je n’ai pas de plan B. Mon taxi est parti. Alors j’arpente les rues au hasard puisque je n’ai pas de guide avec moi ni de connexion internet. Je n’ai pas choisi le meilleur quartier pour ça, il y a des escaliers absolument partout et à 3800 mètres d’altitude avec mes treize kilos sur le dos ce n’est pas tout à fait une promenade de santé. Je finis par dégoter un hôtel qui m’inspire à peu près et qui surtout est dans mes prix et me retrouve dans une chambre lumineuse qui sent le moisi. Programme de la soirée : trouver une chambre sombre qui sent bon pour les jours suivants. Mais avant ça je rejoins Annie rencontrée dans le bus le matin même. En se quittant elle m’avait dit je suis à tel hôtel, ce serait sympa qu’on se retrouve pour dîner. J’avais dit oui et puis je m’étais dit si je retiens le nom de l’hôtel c’est un miracle et je ne sais même pas à quelle heure venir ni comment elle s’appelle. Quand j’ai faim je cherche à me rappeler du nom, je tape un mot au hasard sur internet et c’est bien un hôtel, à cinq minutes à pied. J’arrive pile au moment où elle s’installe à la réception. Tout ça pour dire qu’en fait on peut très bien vivre sans téléphone, sans rendez-vous, sans détails. Bref, Annie doit avoir 50 ans, elle est agent de voyage et se ballade en Amérique du Sud depuis 6 mois. Je mange le meilleur Ceviche du monde entier pendant qu’elle essaye de me convaincre que son métier n’est pas l’idéal que j’imagine. Mais je retiens surtout qu’il existe un métier où l’on est payé (1) pour voyager et (2) pour parler voyage à ses clients. Je découvre la ville de nuit et je repère mille photos que je ne prendrai jamais. Il y a plein de petites rues escarpées, torturées, des escaliers dans tous les sens, des chiens errants, des maisons finies et pourvues de tuiles rouges, il y a une plaza de armas immense, il y a des collines qui entourent la ville de tous les côtés, il y a un Jésus Christ aussi qui nous regarde de haut et des cholitas qui veulent me vendre des massages, des bijoux, des chaussettes, des cailloux, et puis il y a les touristes, beaucoup de touristes. La ville m’apparaît très différente de tout ce que j’ai vu du Pérou jusque là. Elle me plaît bien aussi même s’il lui manque un peu de vie péruvienne à mon goût. Je n’y ferai pas une seule photo. Parce que j’ai prévu de rester longtemps dans la ville alors je remets à demain et à force, un jour demain arrive et j’ai changé de ville entre temps.
Le deuxième jour les bretons me rejoignent et puis c’est l’heure de l’apéro-sur-la-terrasse-sur-le-toit, puis du dîner et on croise en route Adrien et Anaïs et un autre couple aussi (je suis nulle en prénom) et Dietrich nous rejoint alors on dîne à 9 et ensuite c’est l’heure du Pisco Sour et on joue au Kapla, et puis un mexicain et une brésilienne (ou alors elle était argentine ?) dansent sur le bar et c’est l’heure du dernier verre sur la terrasse sur le toit. Je me réveille le lendemain à 10h30 avec l’impression que j’aurais pu dormir pendant très très longtemps encore. Je m’occupe de réserver tout ce qu’il faut pour le Machu Picchu (les garçons m’ont proposé de venir avec eux, je n’ai pas été très longue à convaincre, je vais visiter le Machu Picchu avec trois gardes du corps !) ensuite on croise Emilie qui est canadienne et que les garçons avaient rencontré au Canyon del Colca et on grimpe tous les cinq voir des murs incas incroyables et Jésus Christ aussi. Après c’est l’heure de l’apéro.
Le lendemain on se réveille à 4h du matin parce qu’à 5h un minibus vient nous chercher direction la Rainbow Mountain. On roule longtemps, je dors tout le temps. Après le Machu Picchu c’est l’expédition la plus mise en avant par les agences de Cusco. Ce que je sais c’est qu’on doit partir de 4300 mètres d’altitude, monter jusqu’à 5100 mètres en à peu près trois heures, admirer une montagne de sept couleurs et redescendre. Ce que je ne sais pas c’est que les paysages sont époustouflants du début à la fin. Au départ le ciel est couvert, on trouve ça beau déjà. Depuis le début du voyage l’altitude ne me fait ni chaud ni froid à part dans les montées où mon souffle m’abandonne. Mais j’avance quand même, déjà parce que je suis têtue, ensuite parce que quand je m’arrête Tom me pousse. Ce qui est cool avec les randonnées en altitude c’est que certes on ne parvient pas à respirer mais du coup on avance si lentement qu’on ne peut décemment avoir mal nul part. Au final la montée passe vite. Jusque là quand je faisais des randonnées il y a avait toujours un moment critique où je me demandais « pourquoi je m’impose ça déjà ? ». Là pas du tout. Parce que j’en prends plein les yeux et parce que la compagnie est drôlement chouette, il y a mes trois bretons et puis Emilie et aussi Anna avec qui on fait connaissance sur le chemin. On ne marche pas très loin les uns des autres, on s’attend pour les pauses (comprendre tout le monde m’attend pour les pauses) et dans mon voyage en solo ça fait beaucoup de bien cette impression d’être en vacances entre amis ! Quand on arrive tout en haut la vue est stupéfiante, il y a cette montagne dont on a déjà vu cent fois la photo mais il y a aussi tout ce qui est autour. Ce mont enneigé derrière une montagne rouge, cette montagne qui passe du rouge au vert en passant par le jaune, et les péruviens en costume et les lamas et les chevaux et le ciel qui devient bleu. Pendant le chemin du retour je ne cesse pas de m’émerveiller une seule seconde. Je m’arrête chaque minute pour contempler et prendre des photos. Avant de reprendre la direction de Cusco on s’arrête pour manger et j’ai la tête qui tourne. Je ne sais pas si c’est l’altitude ou si je suis ivre des paysages admirés. Ou alors c’est les apéros de la veille. Et puis on reprend la route, j’ai un peu peur parce que là quand même il roule carrément au bord du précipice non ? Et le trajet est long, très long. Quand on arrive à Cusco c’est l’heure de l’apéro.
Nous sommes nous même époustouflés!!!! Il faudra vraiment exposer tes photos à ton retour.
Tes photos sont canons! Les agences de tours de Cuzco devraient te les acheter 🙂 !! Et le récit est toujours très prenant, vite on veut la suite !!