Mes amis et moi on se dit au-revoir à la porte d’embarquement, leur vol a eu la bonne idée d’être décalé de 24h (thanks god) ce qui leur permet de me mettre dans l’avion avec plein d’encouragements juste avant de monter dans le leur. J’ai tellement envie de les garder avec moi que je monte la toute dernière, la relou qui remonte tout le couloir jusqu’au fond alors que les gens essaient de ranger leurs sacs, c’est moi. J’arrive à Johannesburg où je dois passer la nuit avant de changer de continent et oh magie un shuttle m’attend ! Le chauffeur est très sympa, on discute, mais à la première question les bons mots ne me viennent pas en anglais alors je réponds ce qui me vient le plus facilement et de fil en aiguille il comprend que je viens passer 3 semaines en Afrique du Sud pour rejoindre un ami qui vit au Cap et qu’on va faire un safari et se promener sur la côte. Probablement parce que c’est ce que je lui dis. Sur le coup je ne trouve pas ça vraiment grave et puis au moment d’arriver à l’hôtel la réception me demande si j’ai de nouveau besoin de ses services pour me rendre à l’aéroport le lendemain. Forcément oui puisque je reprends l’avion à 11h. Je passe la nuit à me demander ce que je vais bien pouvoir lui dire pour expliquer pourquoi je me rends à l’aéroport international alors que mon ami imaginaire est censé me rejoindre à Johannesburg le jour même (rappel pour plus tard : éviter les détails quand je mens). Option 1 : mon ami m’avoue qu’il m’aime, je ne partage pas ses sentiments : je rentre en France. Option 2 : je suis médecin, un patient souffre d’un mal que je suis la seule à savoir soigner : je vais traverser la planète pour le sauver. J’aime bien celle-là. Option 3 : je souffre d’une pathologie qui me pousse à raconter n’importe quoi quand on me parle dans une langue étrangère. Hum. Finalement le lendemain matin, il me demande où je vais, je lui réponds « à Lima » et après on ne dit plus rien.
Après ça je vis le pire vol de ma courte existence : 1h30 d’énormes turbulences en continu. L’avantage c’est qu’au bout d’un moment je n’ai plus peur de mourir seulement de vomir. Finalement un bateau pour rejoindre l’Asie ça peut être chouette non ? Et puis j’ai une conversation sans queue ni tête avec un brésilien qui est en fait sud africain et je me dispute avec une hôtesse de l’air qui tient absolument à me confondre avec une passagère végétarienne (mais puisque je vous dis que j’aime la viande !!). Je finis par arriver en plein milieu de la nuit dans l’hôtel que j’ai réservé à Lima il y a bien trop longtemps pour me souvenir comment je l’ai trouvé ni à quoi il peut ressembler. Pour résumer : à rien. Ma chambre fait 6 mètres carrés et détient une fenêtre d’environ 30cm de hauteur au niveau du plafond, la lumière de ma chambre grésille puis s’éteint dès que quelqu’un se douche, et la femme du propriétaire des lieux se promène en nuisette-et-string à toute heure du jour et de la nuit. Je me réveille le lendemain matin bien trop tôt pour le continent sur lequel je suis, le moral au plus haut (qu’est-ce que je fais là j’aime pas Lima mes amis sont loin la salle de bain est salle je suis toute seule personne ne parle ma langue je suis fatiguée je veux rentrer à la maison).
Pour me donner du courage je cherche sur internet ce je pourrais faire de sympa ici et je ne tombe que sur des recommandations alarmistes, surtout ne vous promenez pas en dehors des quartiers recommandés/ne hélez pas de taxis dans la rue il y a fréquemment des enlèvements de touristes/ne faites confiance à personne surtout à ceux qui vous proposent spontanément et gentiment de vous faire visiter la ville /ne sortez jamais seule à la nuit tombée (pratique) etc… Puisque je suis seule et qu’après tout personne ne le saura je décide que je deviendrai une grande aventurière. Demain. Pour l’instant je m’occupe de mon blog et j’y trouve un plaisir fou, je me plonge dans les photos, je trie, je sélectionne, je dors aussi beaucoup et au bout d’un moment j’ai faim. Je trouve le restaurant que m’a indiqué le gérant de mon hôtel alors même que je pensais n’avoir rien compris au chemin à emprunter (en fait mon subconscient devient très bon en langue étrangère quand il s’agit de se nourrir). Je traverse une petite place bien vivante sur laquelle les gens chantent, jouent ou dansent. A vrai dire je suis surprise de rencontrer une telle joie de vivre, je pensais égocentriquement que le monde entier était resté reclus dans sa chambre. Au restaurant je ne comprends absolument rien au menu. Je ne reconnais qu’un seul nom : Anticuchos. Anne-Sophie m’avait prévenu la veille « attention ce truc c’est des brochettes de cœur de bœuf ». Alors je choisie ça parce qu’au moins je suis sûre de ne pas me retrouver avec un hamster dans l’assiette. Et, incroyable, je trouve ça bon. Vraiment bon (puisque je vous dis que je ne suis pas végétarienne !). Sur le trajet du retour je me surprends à mêler mes applaudissements à ceux des péruviens à la fin d’un joli morceau. J’adore cette ville !
Je passe finalement trois jours à Lima entre ballades et préparation de mon itinéraire péruvien. La ville ne me plait pas beaucoup et les gens me disent gentiment de faire attention dès que je sors mon appareil photo alors au bout d’un moment je ne le sors plus. Un jeune péruvien entame la conversation en anglais (finalement elle est très bien cette langue) et me propose de me faire visiter le quartier. Comme il a véritablement l’air gentil je refuse. Et comme je trouve ça très con je me promets de ne plus jamais lire les mises en garde d’aucun site bien intentionné. Je fais plus ample connaissance avec la petite fille du propriétaire de l’hôtel qui s’ennuie (la petite fille pas le propriétaire) et vient frapper à ma porte dès que ses parents ont le dos tourné. Toutes les deux on a un rituel, elle me bombarde de question dès qu’elle entre, je lui réponds que je ne comprends rien et que je ne parle pas espagnol, alors elle se met en mode monologue tout en faisant l’inventaire détaillé de mon sac à dos. Forcément au bout d’un moment elle tombe en arrêt devant mes tampons : mais-qu’est-ce-que-c’est-à-quoi-ça-sert ? C’est drôle comme le langage d’une petite fille curieuse est universel ! Ceci dit je parle encore moins espagnol face à cette question que face aux autres, alors elle descend (avec mes tampons !) poser la question à sa mère qui l’engueule copieusement et me ramène ma pochette avec un sourire gêné. J’ai la vague impression que les questions de sa fille la gêne beaucoup plus que l’idée qu’elle fouille dans mon sac. Je pensais cette dame-en-nuisette moins coincée. Le dernier jour Rosita (c’est le prénom de la petite) (je sais quand même dire « como te llama ») entre dans ma chambre alors que je suis en train d’écrire sur mon blog, elle me demande ce que je fais et distraitement je lui réponds « estoy trabajando » (la phrase qui remonte des limbes de mes années lycées on ne sait pas trop pourquoi), elle me lance un regard trahi, dit « hablas espagnol » et ressort en claquant la porte. Après ça elle boude mais accoure quand même me dire un dernier secret à l’oreille alors que je monte dans le taxi. Je crois que c’était ma première copine de voyage.
C’est une histoire de dingue et j’adore!
J’adore aussi!
Sacrée histoire ! Vivement la suite
Même en restant dans ta chambre, tu es une grande aventurière pour moi!!
C’est dommage que tu n’aies pas pu sortir ton appareil photo aussi souvent que tu voulais, les photos de ton blog font déjà super envie!
Allez, je vais vite lire la suite de tes aventures puisqu’il y a déjà un autre article!
Je dois dire que je me suis bien marré !… À tes dépens ! XD