A propos

Je ne sais pas exactement où se situe le commencement. Quelle a été la graine décisive. Est-ce l’émerveillement de se sentir si petite face au désert australien lors de mon premier voyage de ma vie d’adulte, la proposition de cet ancien amour formulée sans y penser vraiment de tout quitter pour voyager, ou la phrase magique de mon amie Julia qui m’a glissé l’air de rien qu’elle n’avait encore jamais rencontré personne qui ait regretté d’avoir fait un tour du monde. Toujours est-il que le 5 août dernier j’ai pris mes cliques et j’ai laissé mes claques et je suis montée dans l’avion, bien décidée à ne revenir plusieurs mois plus tard qu’après en avoir pris plein les yeux, plein les jambes, plein le nez, plein le cœur. On m’a souvent demandé pourquoi ce voyage dans les mois précédant mon départ. La question m’a souvent désarçonnée, de la même façon que le souhait formulé par plusieurs de mes proches de me voir trouver ce que je cherche au moment des au revoir. Après tout faut-il qu’il y ait une raison, un but, une attente derrière la réalisation de ce rêve ? N’y en a-t-il pas mille et aucune à la fois ? Je suis tombée il y a quelque temps sur une vidéo de Serge Reggiani citant un poème de Baudelaire : je vous mets le lien ici. Ces mots m’ont obsédé longtemps et résonnent encore à mes oreilles d’une façon toute particulière. C’est qu’ils me semblent être les seuls à même de répondre à ce pourquoi, les seuls à résumer ce que je cherche. Je crois qu’il n’y a rien d’autre que ça. Le désir de m’enivrer. M’enivrer de beauté, de rencontres, de liberté, de soleil, de lumière d’orages, de peur dépassée. M’enivrer de l’autre quel qu’il soit, m’enivrer de tous les ailleurs. Voler au quotidien et au temps qui passe quelques instants suspendus. Il m’a semblé à l’aube de mes 33 ans qu’il y avait urgence à vivre. Je n’attends pas de ce voyage une rencontre déterminante, une transformation miraculeuse ou une révélation foudroyante. Je n’ai d’ailleurs jamais eu le sentiment d’être autant la même que depuis que je suis partie. Simplement je veux vivre plus fort.